Réponses à des détracteurs sur le texte précédent :
REPONSE 1
Le "coeur" comme vous dites n'est qu'une guimauve assassine.
Les gens honnêtes et bons sont les pires crapules qui soient.
Je veux dire qu'être bon et honnête par défaut, parce que tout le monde l'est de manière consensuelle, non par choix personnel mais parce que la pensée dominante (orientée par les médias) formate le peuple pour l'être, c'est la porte ouverte à toutes les vilenies. C'est ainsi que des millions de gens honnêtes sont devenus des nazis en Allemagne en 1933.
Les mangeurs de viande sont des gens honnêtes, sensibles, ce sont même les premiers à s'émouvoir de la condition animale ! Les complices des mines qui amputent les enfants sont de petites gens bons et honnêtes payant leurs impôts. Ils ont beaucoup de coeur puisqu'ils s'émeuvent devant l'injustice du monde. Ils donnent même pour le téléthon comme la télévision le leur demande... Les gens devant leur télévision sont bons, ils ont du "coeur". La plupart sont de la pâte à médias bien primaire réagissant de façon épidermique à la moindre image "révoltante" émise par leur télévision.
Le "coeur" est l'argument des ânes qui croient que braire en choeur c'est nécessairement s'humaniser.
On confond trop souvent humanisme de surface, source de sensiblerie et d'erreurs de jugement, avec humanisme authentique qui ne s'arrête pas au visuel mais plonge jusqu'aux racines du sujet pour mieux perçevoir les vrais contours, faire la distinction entre simple épiderme et âme.
Je me réclame de la raison, non des tripes.
Imaginez-vous que l'on donne la parole à une demi portion qui se plaindrait de son sort en public ? Pour un infirme "courageux" bénéficiant des projecteurs, combien d'infirmes qui ont "mal tournés", passés sous silence ?
Vous le trouvez fort ? Quand on a rien, pas même de membres, quand on est dans la misère totale on est toujours fort. Par défaut.
Cela n'a donc aucune valeur. Je ne me vois pas admirer un être physiquement débile sous prétexte qu'il fait sa cuisine avec les dents, faute de membres. L'infirmité physique n'est pas un idéal de vie pour moi, pas un exploit, pas une vertu. C'est juste une misère de naissance. Ensuite, de gré ou de force on fait avec puisqu'on ne peut pas faire autrement.
Cet être au sommet de l'infirmité m'inspire une très grande pitié. Même si je le trouve positif -au moins il ne se plaint pas, j'apprécie cela-, je n'envie pas un instant sa situation. On peut être positif sans être diminué physiquement. Il n'est pas nécessaire d'être handicapé pour avoir une belle âme. Les manchots n'ont pas le monopole de la noblesse intérieure.
Il est malhonnête, à mon sens, de susciter l'admiration grâce à ses tares plutôt que grâce à ses gloires. Une infirmité est une tare de naissance, celui qui la subit n'en est pas responsable, tandis que la santé morale s'acquiert à force d'efforts, indépendamment des éventuelles tares de naissance.
Oui il est utile en cela qu'il fait réfléchir, réagir les uns et les autres : les dindes sensibles comme les seigneurs raisonnables, et je dis cela sans aucune ironie. Chacun prend ce qu'il a à prendre dans cette affaire. A travers cet infirme certains versent des larmes "ego-suggestives" sur leur propre nombril, réparent leur petites blessures, se félicitent secrètement de leur santé, trop heureux de n'être pas comme cet infirme, d'autres ont des réactions plus élevées.
Bref, les uns pansent, les autres pensent.
Pour moi ce genre de "bonté" a peu de valeur.
Dans un tel état de misère comment faire autrement qu'adopter cette attitude ? Celui qui est dans une totale détresse fera instinctivement profil bas. Il adoptera d'emblée les comportements nécessaires à sa survie en société : ici il fait preuve de "bonté", de "grandeur d'âme". C'est exactement ce qu'on attend de lui.
Imaginez qu'il adopte l'attitude inverse, qu'au lieu de cette dégoulinante attitude correspondant si bien à nos critères socio-culturels à propos de l'image que nous avons des infirmes, il soit plein de haine, de méchanceté, de mesquinerie... Ce serait suicidaire de sa part, n'est-ce pas ?
Les infimes ont bien compris que pour optimiser leurs "succès" il fallait adopter un comportement social adéquat. L'infirme est dans une situation de faiblesse, non de force.
Au Moyen-Âge les mêmes auraient exhibé leurs moignons sur les foires. De nos jours ils font des discours liquoreux. Dans les deux cas ils survivent dans leur milieu.
Cet infirme n'a rien à perdre puisqu'il a déjà tout perdu. Il est exactement dans l'état du supplicié qui demande grâce. En soi quelle valeur peut avoir sa demande puisqu'il est sur l'échafaud, tremblant de peur, la corde déjà autour du cou ? Authentique repentance ou simplement peur de crever au bout d'une corde ? Le cri du coeur ne vient pas de la tête puisque par définition il émane du coeur...
Il est évident que le condamné à mort demandera toujours la grâce présidentielle. Il n'a rien à perdre à la demander...
A la "bonté" prétendue de l'infirme qui fait tout pour susciter l'admiration béate des gens valides je préfère la sincérité du méchant qui au départ a tout pour lui et qui revient de lui-même dans le droit chemin. Celui qui a la gloire, la puissance, l'impunité et qui décide de faire marche arrière pour raison morale, celui-là est autrement plus admirable à mes yeux.
Prenons l'exemple du nazi repenti. Quel authentique courage, quelle grandeur d'âme il faut pour renier ce qui faisait ses valeurs, se repentir de ses crimes ! Non de force mais de soi-même, volontairement.
Celui qui a tout pour lui, qui au départ est dans une situation de force et qui fait la démarche volontaire de tout perdre pour des raisons morales (ce qui est exactement la démarche inverse de l'infirme), celui-là est réellement admirable.
L'infirme fera tout pour gagner sinon la santé, du moins l'affection, la reconnaissance, le respect de ses semblables. Le nazi repenti, l'assassin pris de remords, le braqueur épris d'honnêteté qui décident de se livrer pour payer leurs dettes perdront tout.
Leur geste aura beaucoup plus de valeur.
En somme c'est l'histoire biblique du pécheur revenant dans le droit chemin qui fait se réjouir les anges bien plus que ne le fait l'homme "bon et honnête" de naissance...
REPONSE 2
S'il fallait compter sur les nains tordus pour construire des barrages, conduire des trains, planter des haricots verts ou creuser des puits en Afrique, nous en serions encore à l'état de sous-développement économique et industriel !
Je veux dire qu'il y a une certaine perversité à "admirer" les exploits des infirmes et que si on pousse le bouchon un peu loin dans cet état d'esprit, on arrive à des aberrations.
Je n'ai rien contre les infirmes mais j'estime que ce sont eux qui ont à apprendre des gens sains et non l'inverse. Il ne faudrait pas que le handicap, la tare, l'indigence, la misère deviennent des références.
Le rôle des infirmes c'est d'être protégés par les plus forts, les gens valides. Pas de donner aux gens sains des leçons de construction de barrages ou de conduites de tracteurs dans les champs.
Dans notre monde matérialiste tout est fait pour que chacun soit utile économiquement parlant (j'avais déjà écrit un article pour dénoncer cet état d'esprit à l'égard des trisomiques) car cette société nombriliste malade de son image ne supporte pas qu'un infirme puisse être improductif, voire mauvais en vertu du fait que selon ses préjugés l'infirmité est nécessairement synonyme de bonté.
Or de nos jours la reconnaissance passe non par l'honnêteté, la religion, la qualité de la pensée ou la moralité mais plus bêtement par le TRAVAIL.
Il faut que les handicapés soient quasiment des saints, comme pour contre-balancer leurs tares. La société à besoin de se fabriquer des mirages qui collent à son époque. Des illusions établies sur un mode économique et non moral.
Or rien ne s'oppose à ce qu'il existe des handicapés pédophiles, paresseux, voleurs, méchants, bêtes, odieux, etc.
Dans cette société d'hyper émotivité médiatique, un handicapé lourd aura toujours plus d'écoute, d'attention, de projecteurs braqués sur ses moignons qu'une personne bien portante. Ce qui au départ est profondément injuste à l'égard des gens sains, pourtant économiquement plus utiles que les infirmes selon les critères de cette société décidément bien hypocrite et contradictoire...
Ne soyons surtout pas dupes de ce cirque : les handicapés "courageux" inspirent la compassion selon l'angle des caméras qui les visent.
Notre époque correspond à celle de l'angle flatteur vis-à-vis des handicapés. Ne perdons pas de vue que ce n'est qu'un parti pris médiatique.
Ce que je dénonce dans cette vidéo, c'est la manipulation unilatérale : l'infirme se met tout de suite son public dans la poche.
Sa cause est acquise d'avance, quoi qu'il dise, son infirmité jouant en sa faveur.
C'est tout simplement malhonnête.
La contestation semble interdite du fait de l'ampleur de son infirmité, de la théâtralisation de son discours, de l'adhésion inconditionnelle du public, du caractère émotif de la mise en scène.
Conclusion : ce spectacle de "l'infirmité glorieuse" par sa manière d'être présenté ressemble plus au discours d'un dictateur imposant ses vues et ne souffrant aucune opposition qu'à un témoignage sain permettant une constructive discussion.
Nick en lui-même ne m'intéresse pas ici, c'est le principe malhonnête de ce spectacle "à opinion unique" que je dénonce.
P.S.
Tout ceci à mes yeux reste un show à l'américaine.
Qui vous dit que derrière cette façade publique Nick ne se réveille pas avec des envies suicidaires le matin ?
Pourquoi devrais-je me fier à de belles paroles issues de ce show ? Je ne suis pas dans le secret du coeur de ce jeune homme. Un infirme n'est pas infaillible. Le mensonge, l'auto-suggestion, la mauvaise foi existent aussi chez les êtres au corps débile.
Je me méfie de ce genre de confessions publiques "à l'américaine" où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les "impresarios" de Nick ont tout intérêt à ce qu'il soit l'homme le plus heureux du monde. Au moins sur scène.
Je répugne à me laisser séduire par les exhibitionnistes du "bonheur-spectacle".
Il est fort possible que je le trompe du début à la fin, mais au moins j'adopte l'attitude critique consistant à vomir sur ce qui flatte la populace. Je suis à peu près certain de faire erreur (je crois que cet infirme est réellement heureux) mais cette non adhésion à la cause, c'est le prix à payer à l'indépendance de ma pensée.
Je me trompe peut-être ici mais lorsqu'il s'agira d'adopter la même attitude critique sur un cas beaucoup plus suspect, alors je serai dans le vrai et pour une cause autrement plus essentielle. Tandis que les autres se seront fait piéger par les apparences.
Raphaël Zacharie de IZARRA