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samedi 31 mai 2008

788 - Le miracle de la Beauté

La beauté me désarme, me subjugue, m'électrise.

Esthète avant tout, je fléchis d'extase devant la "lumière qui engendre la lumière", ce que nous appelons la Beauté.

Ce qui dépasse mon front est radieux, ce qui touche le ciel est rayonnant, ce qui met le feu à mon âme est éblouissant. La Beauté est bonne, juste, pure. La Beauté est bleue, blanche, translucide.

Invisible.

Le firmament, un visage, une mare : le Beau fait pleurer l'Homme.

Toutes les femmes ne sont pas belles. Les nuits étoilées n'inspirent pas une flamme invariable. On voit aussi ce qui est laid dans la terre.

Mais dès qu'une femme est belle parmi les laiderons, qu'un astre chante dans le grand silence sidéral, que le clabaudage du crapaud fait l'herbe mystérieuse, l'esthète s'illumine et trouve la Création admirable : aussi bien le vermisseau dévorant la charogne que le marbre hellène, la cendre dans l'âtre du pauvre que l'artifice dans le palais du prince, l'être minuscule qui d'une particule d'eau fait son univers que la galaxie aux bras incommensurables.

Une seule étincelle de beauté suffit à tout enflammer dans le regard de l'esthète qui percevra le reste monde d'une nouvelle façon. Dès que brille le moindre grain de sable dans le regard de celui qui s'émerveille, dès que l'observateur éveillé voit des diamants dans une pincée de simple poussière, dès que l'être sensible perçoit l'essentiel, qu'il capte non avec l'oeil mais avec l'esprit cette "vibration supérieure" qui donne à la matière son relief, sa hauteur, son éclat, alors pour lui l'Univers entier prend le même aspect : il n'est plus qu'un réservoir de Beauté.

La Beauté est une voie vers l'infini, une vérité universelle, une preuve d'immortalité de tout ce qui vit car ce qui est beau procède d'un principe suprême, est issu d'une inextinguible source de lumière, et est fatalement d'inspiration divine. C'est pourquoi la Beauté est éternelle.

La Beauté, c'est un mouvement perpétuel transposé dans l'immatériel, un principe auto-créateur car, miraculeusement -à l'image du kaléidoscope aux combinaisons incalculables-, à l'infini le Beau engendre le Beau.

2 commentaires:

  1. La beauté pour l'idéal grec s'accompagne de la quête du bon, de la vertu suprême
    votre texte en est l'écho

    Romanzini

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  2. 219. inédit

    L'inédit de Rimbaud l'a alerté.
    Albin depuis longtemps soupçonnait la présence d'un trésor caché ; pour le trouver, lui manquait juste un peu de courage.
    L'inédit de Rimbaud l'a stimulé.
    Jusque là n'avait jamais eu la force de lire son calepin en totalité. En est venu à bout, enfin.
    Et sur deux pages l'une à l'autre collées, voici ce qu'il a déniché.


    Le lézard et la fourmi

    Sur ce mur au sud exposé,
    Un lézardeau dort, ventre à terre.
    Pour couler le temps de l’été
    Connaîtrait-on meilleure manière ?

    Une fourmi vient à passer.
    Sans dissimuler son mépris,
    À boulets rouges elle va juger,
    Règle par là, principe ici.

    Comme la chose est regrettable,
    Si jeune et déjà désoeuvré.
    Jusqu'au delà du supportable
    On ne me voit, moi, qu'affairée.

    Comment peut-on rester couché,
    Tant de sujets sont en attente,
    Faire et défaire et travailler,
    Vivrait-on décemment de rente ?

    Las d’entendre déblatérer
    L’avorton qui trouble sa sieste,
    Sans le moindre geste esquisser
    Le lézard a gobé la peste.

    Moralité :
    Toi qui ne saurais accepter
    Que l’aigre cédrat ne soit mangue,
    Ne juge pas cet étranger
    Dont tu ne connais pas la langue.


    Troublé par sa découverte Albin depuis se demande de qui, mais de qui donc, cet inédit.


    Albin, journalier
    http://albertbin.blogspot.com/

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